Hum faussé... fossé, c'est mieux.
J'ai fait 2 mois assistant chef de cérémonie mortuaire. C'est pas gai non plus mais on acquiert, à moindre échelle qu'ambulancier, nettement moindre, une vue un peu différente de la mort et des choses qui nous entourent.
On n'a pas la vue du sang mais je peux vous assurer qu'il y a de quoi déprimer quand on voit les familles, qu'on doit effectuer la mise en bière. Le pire je pense, c'est qu'on doit serrer les visses du cercueil alors qu'on vient de voir le mort y'a 2 secondes, que la famille pleure, consternée et désolée pour la perte de leur proche (vous voyez le tableau)... et qu'on a envie de se taper un pur fou rire...
C'est dur à imaginer mais je peux vous assurer car ca a failli 'arriver avec l'autre tourneur de visses. Très dur, très très dur.
Quand on enterre des personnes âgées, on se dit qu'elles ont bien vécu, qu'elles ont connu bcp de choses, belles et moins belles mais elles ont vécu de longues années. La seule fois où j'ai dû me retenir de pleurer tellement je souffrais pour la famille, c'était l'enterrement d'un homme de 56 ans, électrocuté. Il laissait derrière lui sa femme et ses 2 enfants... Dur, très dur. En revanche, je n'ai que peu de souvenirs des gens plus âgées que j'ai mis en bière, dont j'ai vissé le cercueil et que j'ai déposé dans leurs caveaux respetifs.
En fait, je m'en souviens de 2 dont l'un va vous faire bien rire et l'autre plus triste. On commence par le 2ème, en fait la 2ème.
Sur la Colline du Château à Nice, on a enterré une vieille dame. Il n'y avait strictement personne pour son enterrement, vriament personne. Elle n'a eu comme public que le chef de cérémonie accompagné de ses 4 assistants et les 2 agents de service du cimetière. On lui a rendu hommage par une 20aine de secondes de silence et une descente dans son caveau en silence.
Le 1er risque de vous faire bien rire mais je peux vous assurer que j'en ai ch... ce jour là, et les 5 autres avec moi !! On a dû se taper 3 heures de route pour monter à Valberg avec le mort dans le cercueil derrière nous. 2 vans sur des routes de montagne en été avec les touristes un peu partout mais surtout au milieu de la route. Donc quelques frayeurs !!
Arrivés en haut, on prend conscience que nous n'aurons pas une 20aine voire une 40aine de personnes comme spectateurs, mais environ 200 et des chefs de canton, des élus, tout le bataclan !! La pression monte d'un cran. 2ème poussée d'adrénaline : on enterre un ancien de la 2nde GM. 1m90, dans les 100Kg encore à son âge, un colosse. Le cercueil, du hêtre, en gros, ne cherchez pas à trouver plus lourd. Et le momen tépique arriva...
400 m avec un dénivelé de 30 mètres on va dire avec un cercueil sur les épaules. Là aussi, dur, très dur. Le plus dur, c'est que ca allait crescendo : 350 mètres en très légère montée avec une 20aine de marches hyper pentues à la fin... Une galère monstrueuse, à tel point que le chef de cérémonie poussait avec nous pour qu'on continue à avancer et ne pas rester au milieu des marches comme des imbéciles. Je suis assez sportif et bien j'étais bien essouflé en arrivant en haut des marches !!
Désolé de raconter ma vie mais j'ai trouvé intéressant de vous faire partager ces moments-là.
La morale de cette histoire. On a beau cotoyer un monde difficile, être aigri dans sa vie ou connaitre des personnes négatives, il y a toujours du bon dans cette vie là. Je rejoins ainsi Gardien dans sa conclusion.